Sortie scolaire

Aujourd'hui c'est une des deux sorties scolaires de l'année pour Nils. Il doit visiter la caserne de pompiers de St G-M. Autant dire que tous les petits garçons (et filles) de la classe sont sur les starting block.

Ce même jour, Lyla devait elle aussi faire une sortie. Nous avions donc à préparer deux pique-niques pour le repas de midi. Finalement, on nous informe que la sortie de Lyla se fait que l'après-midi, par conséquent pas de pique-nique puisque le repas sera pris à la cantine. Bon, nous retenons pas de pique-nique (attention, je ne me cherche pas des excuses, hein ?).

Ce matin, comme d'habitude, nous nous préparons pour partir à l'école, sommes en retard (vite, en voiture), ...

En arrivant à l'école, je sors les cartables du coffre et dans mon fort intérieur, je me dit qu'il manque quelque chose ... comme le pique-nique de Nils par exemple ...

Catastrophe. J'accompagne les filles à l'entrée de leur école. Bisous, vite. Je file à l'école de Nils et cherche la maîtresse de Nils au milieu des enfants euphoriques. Je la trouve.

"C'est la catastrophe, j'ai oublié le pique-nique de Nils"
"Oui, c'est une catastrophe !"
"Je sais. Vous partez dans combien de temps ? Je fais un saut au supermarché (juste à côté) et lui rapporte de quoi manger"
"C'est à dire que nous partons dans exactement 12 minutes" (en regardant sa montre).
Il est 8h35. Départ à 8h47. Elle se fout de moi ou quoi ?
"Ah ! OK. Je n'ai pas le temps de faire l'aller-retour alors ?"
"Je crois pas, non"
Je reste prostrée quelques secondes le temps de connecter mes neurones de blonde et trouver une solution.
"Venez voir avec moi, on va regarder s'il y a quelque chose par là (en se dirigeant dans la cuisine de l'école).
Elle ouvre le frigo et me montre un sac en papier tout gras contenant un machin raci.
"Il y a mon reste de fougasse d'hier, mais il n'en mangera pas n'est-ce pas ?"
"ça, je ne sais pas depuis combien de temps c'est là (en me montrant un pot de fromage blanc dans le frigo) et ça, il y a des morceaux, il n'en mangera pas, hein ?
Elle me regarde de l'air de dire, ben oui ma pauvre fille, ton gosse est compliqué et toi t'es une looseuse.
Ben oui, mon gosse ne veut rien manger mais en l'occurence, c'est notre quotidien qui est chamboulé et pas le sien, alors pourquoi elle l'a ramène !
Il est 8h40.

Je vais à l'écart pour téléphoner. Il y a une solution, pourvu que ça marche. Un coup de fil au chéri puis à Corinne (la nounou de Nils) qui habite à deux pas. Elle a de quoi préparer un pique-nique et est prête à nous dépanner.

Je vais voir la maîtresse "je reviens tout de suite avec le repas de Nils"
Je n'attends pas sa réponse, j'entends Nils me réclamer un bisou. Je ne me retourne pas. Il faut que je fasse vite. J'ai la colère qui me monte sur les tempes, les larmes aux yeux. Devant l'école, le car scolaire est garé et attend les enfants. Je me mets à courir dans la rue pour parcourir les 800 m qui séparent l'école de l'appartement de Corinne. Je suis déjà à bout se souffle. Je maudis mon asthme (en cette période d'allergies), je maudis mes kilos en trop (beaucoup trop !) et ma sédentarité de ces dernières années (au profit de mon boulot qui m'accapare tant de temps).

En arrivant chez Corinne, elle a préparé un petit sac en plastique avec un paquet de chips, une bouteille d'eau, une compote à boire et deux tranches de jambon coupé en petits morceaux dans une boîte. Exactement ce que nous aurions préparé (si nous avions été des parents responsables !). Je remercie Corinne, certainement pas assez au regard de la situation et je retourne en direction de l'école. En courant.

J'ai encore moins de souffle. Je vois le car scolaire qui manoeuvre plus haut dans la rue. Je me dit qu'il ne peut pas faire demi-tour dans cette rue et que si les enfants sont dedans prêt à partir, ils n'oseront pas passer devant moi sans s'arrêter. Je ralentis mon rythme au risque de me trouver sérieusement en crise d'asthme. Je marche d'un pas rapide, très rapide. Je passe à côté du car. Personne dedans. Ouf ! Je remonte la rue et atteint enfin l'école. Les enfants sont en rang et sont prêts à regagner le car. Je brandis le sac en plastique en voyant la maîtresse. Je suis rouge écarlate, j'ai le souffle court, je commence à tousser.

"Ah ben quand même !"
Je la regarde avec un air méprisant et ne fait pas d'autre commentaire, j'ai juste envie de la baffer. Je suis peut-être une mère négligente sur ce coup là, mais je suis combative !
"Voilà une maman qui est prête à tout faire pour son petit garçon, c'est beau !", c'est la deuxième maîtresse de Nils qui vient de parler (celle du mardi, pendant la décharge de la directrice-maîtresse de Nils les 3 autres jours). Je lui souris, reconnaissante.

J'embrasse Nils qui ne s'est pas rendu compte du cataclysme qui m'a habité ces dernières minutes. Je prends une bouffée de Ventoline et reprends mes esprits.

En fin de journée, Nils a adoré sa sortie. Tant mieux !

Comments

[Pascale]

Parce que c'est la première fois sans doute qu'un enfant se retrouve (presque!) sans pique-nique?? Si elle était un peu pro cette dame, déjà elle ne te parlerait pas sur ce ton et elle aurait prévu un petit quelque chose en plus au cas où.

Dans notre école, les enfants mangeant habituellement à la cantine le jour de la sortie ont un pique-nique préparé par l'école, et immanquablement il y a soit des parents dont l'enfant ne mange pas ce jour-là qui ne fournissent pas de pique-nique, soit des enfants qui du coup ont un repas en double!

Les "oublis" étant plus fréquents que les "doublons", nos maîtresses commandent deux repas en plus, au cas où... et ne traitent pas les parents comme des merdes.